Fleur de Lys// L'hôtel fantôme
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 Itinéraire d'une capricieuse

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Ophélia
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Ophélia


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MessageSujet: Itinéraire d'une capricieuse   Itinéraire d'une capricieuse Icon_minitimeMar 22 Jan - 18:50

Le mégot terminait de se consumer dans le petit cendrier en brique. De minces volutes de fumées s’évanouissaient peu à peu en répandant leur odeur âcre de tabac. Les deux yeux bleus fixaient avec morosité le petit bout encore rougit du cône de papier. Ophélia soupira et remonta d’un geste sec la fermeture éclair de son blouson. En raison du vent, la plupart des personnes présentes sur l’aire d’autoroute avaient préféré l’intérieur du café plutôt que la terrasse.
De ce fait, la jeune femme assise sur le banc en bois était entourée de silence. Quelque chose dont elle n’avait pas l’habitude. Elle pensa au bruit, aux cris des enfants, aux rires, aux coups. Elle repensa au soleil aussi, à son soleil d’Espagne qui lui semblait bien loin sous ce ciel gris…

Une maison petite, minuscule, miséreuse. C’était au bord de la mer, il n’était pas rare que le cri des mouettes vienne se mêler au chant rauque de Teresa lorsque Tomas, son fils aîné, grattait une guitare.
Teresa, jamais Ophélia ne l’avait appelé maman. Jamais aucun de ses 5 autres enfants ne l’avait fait. Teresa était Teresa. La Femme avec un grand F bien plus que la mère. Incarnation de la séduction qui ramenait toujours des hommes différents à la maison. Teresa avec sa clope au bout du bec et qui menaçait d’en faire tomber les cendres dans la casserole lorsque on était pas sage.
Elle avait de longs cheveux noirs toujours tressés et un visage peint de mille couleurs. Du maquillage. Ophélia avait toujours rêvé de s’en mettre. Mais Tomas avec ses 16 ans de plus qu’elle et Javier avec ses 12 l’en avaient toujours interdit. Teresa les laissaient faire. Ils étaient les pères. De toute manière elle ne gardait jamais un homme assez longtemps pour qu’un jour quelqu’un puisse tenir le rôle.
Pour le moment, il n’y avait que Tomas et Teresa qui travaillaient.


Ophélia prit son petit sac à dos et alla payer. Elle donna un billet, on lui rendit la monnaie. Enfant, les billets qu’ils avaient, c’étaient ceux volés dans les poches des touristes. Être un bon pickpocket, c’était Javier qui le lui avait appris. La caissière la remercia et lui souhaita une bonne route avec un grand sourire professionnel.
Devant sa voiture, la jeune femme eut un instant de blanc. Où étaient les clés ? Sac ? Poches ? Poche de jeans… Claquer la portière, démarrer ? Non, le téléphone sonne, c’est Teresa…

A 8 ans, Ophélia voulut apprendre la danse, le flamenco. Afin que les cours soient gratis, Tomas dragua la professeur. Elle n’était pas espagnole mais anglaise. Ses cheveux étaient d’un magnifique blond cendré. Ophélia aussi avait du sang étranger, ses yeux bleus elle les tenaient de son père. Teresa disait que c’était un français déjà marié.
Tomas et Caroline se marièrent au bout d’un moment. Finalement ils étaient vraiment amoureux. Mais ce fut le ventre de Teresa commença à s’arrondir…
Le père, Javier et Ophélia savaient que c’était le propriétaire de l’épicerie. Il n’osait plus les regarder dans les yeux et leur faisait toujours des ristournes. Ils se moquaient de lui, le soir, sur la plage, tandis qu’ils mangeaient des sandwichs de pain rassis. Après les vacances, Teresa accoucherait et Ophélia rentrerait au collège.


Septembre vint, Teresa rentra à l’hôpital et Caroline vint s’occuper d’eux. Ce fut elle qui alla chercher Ophélia au collège. La gamine avait le visage tuméfié, les vêtements déchirés et des traces de larmes sur les joues. Elle n’avait pas comprit. Elle n’avait pas comprit les chuchotements méprisants à son sujet, les mots méchants à l’adresse de sa mère, de ses grands-frères et même de Caroline. C’était faux, tout cela c’était faux. Ils ne vivaient pas comme des rats, ils vivaient juste tous ensemble, c’était tout. Sauf depuis que Tomas et Caroline avaient pris un petit studio dans une ville un peu plus loin. Et Teresa n’était pas une prostitué. Elle aimait. Elle aimait l’Amour avec un grand A. L’Amour et non l’homme. Tel était son péché. Et puis pourquoi disait-on qu’elle en était une elle aussi ?!

Le soir, devant le miroir fêlé de la minuscule salle de bain. Ophélia prit la paire de ciseaux et, d’une main implacable, coupa sa tresse noire, la même que sa mère… Elle décida de leur montrer, oui de leur montrer à tous ce qu’elle valait. Qu’elle réussirait à l’école, qu’elle réussirait dans la vie, qu’elle…
Jamais elle ne se bagarra autant que dans cette période là. Si elle ne fut pas renvoyé, ce fut grâce à ses bonnes notes
.

« Allo ?»

La liaison n’était pas très bonne, la faute aux deux petites barres de réseau sur le cellulaire. Mais la voix rauque de Teresa lui parvint quand même. Elle essaya de parler français quelques instants, mais devant l’ignoble accent de sa mère, Ophélia les fit bien vite passer à l’espagnol. Elles parlèrent pour ne rien dire pendant quelques minutes. Ophélia évoqua ses études et demanda des nouvelles de ses frères. Tomas allait être père, Javier travaillait toujours très tard et les jumeaux grandissaient bien. Et elle, comment allait-elle ? Voilà ce que Teresa voulait savoir. Ophélia lui dit qu’elle avait réussi son année, qu’elle allait juste vagabonder un peu en France pour les vacances. Puis elle raccrocha, s’imaginant très bien sa mère, à des centaines de kilomètres, la main crispée sur le combiné vert du téléphone appartenant au bar où elle travaillait. Parce que sa fille ne lui avait pas dit si elle était heureuse ou non.

Lorsque Teresa revint, ce fut avec deux bébés, des jumeaux. Jacinto et Carlos. Ce fut pour la nouvelle grande sœur l’heure d’apprendre à changer les couches, préparer le biberon et chanter les berceuses.
Selon elle, elle s’en sortit plutôt bien. Les choses durèrent ainsi longtemps comme ça. Puis un jour, un homme survint. Il était grand et vieux avec une barbe blanche. Ses yeux éraient bleus. Bleus comme ceux d’Ophélia.
Son père venait la chercher. Il était français mais parlait l’espagnol. Ophélia connaissait quelques mots de français avec le collège. Pas assez pour pouvoir y vivre. Pourtant c’est ce qui allait se passer. Teresa lui expliqua. En France elle serait bien mieux, son père s’occuperait d’elle, elle pourrait faire des études, tout cela… Et puis pour les grandes vacances elle reviendrait ici.
L’homme avait prit sa main dans la sienne à la gare pour ne pas la perdre. Il serrait fort mais ne parlait pas. Ce fut comme ça jusque à Paris.

Dans le grand appartement il y avait une femme, vieille aussi. Ophélia ne comprenait rien à ce qu’elle disait. Lorsque elle demanda à son père de traduire, il lui dit de se débrouiller. Paris fut synonyme de solitude.


Au bout de quelques heures, Ophélia mit son clignotant et prit la sortie à sa droite. Il lui avait fallut trois ans pour apprendre le français et beaucoup de temps en plus pour corriger son accent. Son père était riche, elle le comprit plus tard, mais n’avait pas d’enfant. Voilà pourquoi il était venu l’enlever. Sa femme fut toujours gentille avec Ophélia même si elle lui reprochait son manque flagrant de féminité et que bien trop souvent il y avait de la pitié dans les yeux gris entourés de rides. Mais tout ça c’était fini.
La nuit commençait à tomber. Apercevant un hôtel au nom qui lui plaisait, la jeune femme gara son véhicule et en sortit. Elle dormirait là pour cette nuit, elle y resterait peut-être pour quelques jours, quelques semaines même… Un coin paumé et perdu comme cela lui convenait. Elle avait besoin de réfléchir.

Lorsque elle était petite, Ophélia se voyait exploratrice, cosmonaute, dompteuse de lions … Mais son père décida quelle serait médecin. Il lui permit au moins de choisir sa spécialité. Elle hésita, bien tentée de répondre « médecine médico-légale » pour l’emmerder un peu. Mais elle décida d’être urgentiste, histoire d’un peu toucher à tout. La monotonie était une chose que la jeune femme craignait. De longues études commencèrent donc pour elle.
Puis, au bout de quelques années. Ophélia comprit qu’elle n’était pas heureuse. Alors, profitant des vacances, elle décida de ne pas aller en Espagne pour une fois, d’aller dans un endroit calme pour faire un break, réfléchir…


Le réceptionniste était un jeune homme de petite taille. Ophélia lui emprunta un stylo et marqua son nom dans le grand cahier. Elle avisa alors une liste épinglée. L’hôtel cherchait du personnel de toute évidence. L’image d’un film de James Bond lui revint alors à l’esprit. Une scène de casino, de belles femmes en manteau de fourrure, d’élégants hommes avec des nœuds papillons…

« Excusez-moi, vous r’cherchez toujours un croupier ? »

L’homme acquiesça d’un air plus que blasé. Et si pour une fois, elle décidait de faire ce qu’elle voulait ? La jeune femme demanda donc à postuler pour cet emploi le temps des vacances. Son interlocuteur secoua la tête en soupirant et le lui donna directement. Ophélia maîtrisa sa fougue espagnole et s’empêcha de l’embrasser sur les deux joues.

Croupière à Fleur de Lys, ça sonnait bien non ?
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CB
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MessageSujet: Re: Itinéraire d'une capricieuse   Itinéraire d'une capricieuse Icon_minitimeVen 25 Jan - 5:20

J'adore comment tu l'as écrit ! *o* Bravo !
Le passé et le présent qui se mêlent comme ça, c'est très très bien fait ! ^___^
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Aaria
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MessageSujet: Re: Itinéraire d'une capricieuse   Itinéraire d'une capricieuse Icon_minitimeVen 25 Jan - 17:17

merci ^o^ *choppe et papouille*

(je ne casserais pas le mythe en avouant qu'en fait j'ai du mal à juste me concentrer sur un temps XD *sort*)
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Attis
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MessageSujet: Re: Itinéraire d'une capricieuse   Itinéraire d'une capricieuse Icon_minitimeVen 25 Jan - 19:59

nyaaaah j'adore *o*
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Ophélia
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MessageSujet: Re: Itinéraire d'une capricieuse   Itinéraire d'une capricieuse Icon_minitimeVen 25 Jan - 21:27

O.O merci

*choppe et papouille aussi*
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MessageSujet: Re: Itinéraire d'une capricieuse   Itinéraire d'une capricieuse Icon_minitime

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